Dans sa dernière étude, la banque publique veut stimuler la réflexion stratégique des dirigeants de PME sur les menaces et opportunités du digital. Une question de survie.

C’est une étude pour réveiller les PME. Leur faire prendre conscience de la « menace » que peut représenter le numérique dans sa capacité à bouleverser un secteur d’activité. Intitulé « numérique déroutant », le document signé Bpifrance Le Lab fait surtout référence aux plateformes d’intermédiation qui, justement, « déroutent » une partie de la valeur de tout un pan d’activité. Uber dans les taxis, Booking dans l’hôtellerie, La Fourchette dans le restauration … nombreux sont les exemples de technologies « disruptives » qui rebattent les cartes d’un secteur, souvent au détriment de PME « insuffisamment conscientes des risques et des opportunités sur lesquelles se positionner ».
 

L’illusion du non-délocalisable

Des secteurs qui se croient à l’abri vont être demain concernés, prévoit-on chez Bpifrance qui revient dans son étude sur trois exemples de futurs champs potentiels pour le « numérique déroutant » : la plasturgie, le BTP et le transport de colis. La proximité physique avec le client ou la nature non délocalisable de l’activité sont des lignes de défense illusoires, selon la banque publique. Des plateformes Web comme Amazon mettent en difficulté de nombreuses librairies de quartier. « Et l’hôtellerie, une activité par nature non-délocalisable, a subi de plein fouet l’émergence d’opérateurs internet qui lui déroutent de 15 à 30% de ses ventes en ligne ».
​ (et la marge surtout ! ).​
 

Réflexions sur les modèles économiques

A chaque fois, c’est le même scénario qui se profile. Une innovation émerge pour remédier à un manque de fluidité ou de transparence, comme une plateforme de réservation dans le tourisme.
 Dans un second temps, la plateforme capte, via des commissions sur les transactions, une part croissante de la valeur au détriment des acteurs historiques. 
Enfin, l’intermédiaire Internet devient tellement puissant qu’il finit par imposer ses conditions aux TPE et PME du secteur. 
A court terme, un site comme booking.com apporte beaucoup de clients aux hôteliers référencés. 
Mais il finit par s’accaparer une grande part de la chaîne de valeur des PME. 
« Nous disons à chaque chef d’entreprise : réfléchissez à votre modèle économique ; parmi vos concurrents existe-t-il un disrupteur potentiel ou vous-même, êtes-vous capable de devancer la tendance et disrupter ? », explique 
Philippe Mutricy, directeur de l’évaluation, des études et de la prospective chez Bpifrance.
 

Elaborer des réponses collectives

Bpifrance termine son étude en appelant les PME « à se saisir du numérique déroutant ». 
Parmi ses recommandations, élaborer (lorsqu’il en est encore temps)
​​ des réponses collectives, via les organisations professionnelles par exemple, ​ou un entrepreneur proactif, ​face à la menace des grandes plateformes numériques d’intermédiation. 
 

Mais aussi disrupter

​ (1/10 ? ) ​ avant d’être disrupté ​(9/10?) ​« en encourageant la création de nouvelles PME innovantes françaises à vocation mondiale, comme BlaBlacar ».
 Bpifrance pointe aussi l’enjeu grandissant de la propriété des données laissées par les prospects ou les clients sur le Web (informations personnelles, avis et commentaires, comportements de consommation …). 
Problème, les PME nourrissent de données stratégiques les acteurs de l’intermédiation, lesquels en deviennent de facto propriétaires. Alors que, selon la banque publique, les entreprises devraient conserver la propriété de ces ressources clé.
 
L'étude BPI